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Expo 10 Sury Omer
CAROLINE SURY, FRANCK OMER, ENFANTÔMOLOGIE
Les invités
Caroline Sury est avant tout une dessinatrice hors pair, elle remplit la surface de la feuille de ses personnages aux grands yeux ouverts, qui nous happent dans son univers.
Que ce soit dans ses dessins de petits formats, ou dans les grandes acryliques sur toile, qu'elle présentera à la chapelle Saint-Loup, l’artiste raconte sa vie avec humour et une certaine férocité jubilatoire, qui lui permet de nous livrer le lot quotidien de ses aventures. Le décalage avec les faits réels créé par l’exagération expressionniste, les associations d’idées, les jeux de mots, voire le surréalisme, libèrent son dessin des conventions du tableau mais aussi de la bande dessinée. Ses dessins, reconnaissables entre tous, crient et nous devons faire attention à ce qui nous saute aux yeux car l’artiste est généreuse dans sa prolifération de signes et de détails.
Caroline Sury taille aussi au scalpel des papiers noirs pour créer des vides et des pleins qui s’apparenteraient au geste du sculpteur. Ces objets sont conçus à partir de ses dessins, organisés comme une architecture avec ses fondations, sa façade, sa structure et ses ornements. L’apparente symétrie de ses œuvres est souvent perturbée par un petit élément, aiguisant le regard. Elle les nomme les découpures, en s’amusant comme toujours, pour distancier son œuvre de sa vie, par ce néologisme. Cette artiste coupe dans le vif du sujet et fait surgir la lumière de l’ombre. Elle constitue ainsi une galerie de portraits où s’imbriquent autoportraits et portraits de l’autre.
Monstre intérieur - acrylique sur toile -110 cm x 96 cm - 2011.
Franck Omer ne s’enferme pas dans une seule pratique. Il s’engage dans différentes recherches plastiques, par exemple, dans certaines de ses installations, sa peinture devient le support d’objets en volume qui pousseraient comme des pensées. D’autres fois, il investit les toiles déjà peintes par quelqu’un, longtemps avant lui et propose d’y juxtaposer son présent, ses Palimpsestes. Les créations protéiformes de Franck investissent aussi bien le volume, le dessin, et la peinture que le livre.
Les peintures de Franck Omer aux compositions figuratives foisonnantes, inspirées d’imageries d’enfance, de références multiples, paraissent comme des cadavres exquis qui assembleraient des contes, des mythes et des religions.
Franck Omer invente des univers où des croyances issues de différentes cultures se superposeraient en strate, en profondeur et où s'accumuleraient les reflets de mondes archaïques en écho à des mondes modernes. La richesse des sources iconographiques et l’apparente liberté d’exécution avec laquelle il mène ses mélanges participent à cette sensation d’une peinture impulsive.
Cependant l’artiste, loin de la naïveté, construit la surface d’un univers symbolique brouillant les pistes, reliant les causes lointaines et les effets contemporains.Dans les procédés même et les gestes du peintre, Franck bouleverse les codes. Ainsi, le modelé des objets et des figures, inspiré par une facture classique, côtoie la ligne d’un dessin au trait, ailleurs une forme inachevée ou encore un pochoir. Quand il n’est pas recouvert par des glacis juteux rose bonbon ou des cyans cartoonesques. Quand au rapport d’échelle de cette peinture savante, Franck Omer, s’en amuse et maintient le trouble.
Kwakiutl’s clouds - Huile sur toile -149 cm x 91 cm - 2011