• Expo 24 Ribière Labrunie

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    ALINE RIBIÈRE, ANNE-FLORE LABRUNIE, LES TRANSAPARENCES

     

     

     

    Expo 24 Ribière Labrunie

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     Les invitées

     

    C’est une joie que de recevoir à la chapelle Saint-Loup Aline Ribière et son invitée Anne-Flore Labrunie pour cette exposition les transaparences, évocatrice de passages, d’inspirations et d’ouvertures. À travers cette double invitation ces artistes dialoguent avec spiritualité autour de la matérialité des corps. Une traversée de ce qui transparaît, des filiations intermédiaires, des parcours qui se croisent, des inventions de mots et de gestes.

    C’est ainsi par exemple, que la fiction archéologique d’Aline Ribière, intitulée l’Aile, sortie de sa boîte pour un temps suspendu, répondra au soufle de l’ange, des photographies d’Anne-Flore Labrunie.

     

    Exposition prolongée jusqu'au 14 avril 

     

     

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    Expo 24 Ribière Labrunie
     
    Expo 24 Ribière Labrunie
     
    Vues partielles de l'exposition. Photos de Vincent Monthiers.

     

     

    Aline Ribière

     

     

    Aline Ribière vit et travaille à Bordeaux. Dès sa sortie des Beaux-Arts, elle oriente son travail vers une recherche autour de l’enveloppe du corps, celle de la peau et celle qui habille.  La plasticienne renouvelle sans cesse la notion d’habiter, d’être au monde et invente tout un registre poétique pour développer ses créations. 

    Pour nommer mon travail j’ai une palette de mots ou d’expressions qui me viennent pour dire au plus près de quel objet il est question : « vêtements, vêtements de l’imaginaire, enveloppes corporelles, envêtements, devêtements, robes, habits-habités, territoires corporels, architextures, épélations, empreintes corporelles, mues, reliques, corps de robes….  »

    L’artiste a participé à de nombreuses expositions personnelles et collectives en France, en particulier à Paris : Palais de l’Unesco, Centre Georges Pompidou-Beaubourg, Orangerie du Palais du Luxembourg ; aussi à Bordeaux, Lyon-Villeurbanne, Pau, Montpellier, … Egalement en Suisse, au Canada, en Espagne, au Japon, au Liban …

    Elle les accompagne parfois de présentation de son  travail sous forme de performances ou de workshop ( Paris, Montréal, Berne, Rennes, Bordeaux, Pau, Montpellier, ... ). C’est ainsi qu’elle aborde aussi l’univers de la danse et du théâtre. Elle a travaillé pour l’Institut du Monde Arabe de Paris, pour une pièce du poète Adonis et pour Le Concours chorégraphique de Bagnolet, avec une mention spéciale du jury.

    Aline Ribière est invitée dans diverses résidences de création artistique en France et à l’étranger par exemple en Suisse, à Byblos-Liban, à Québec. Elle collabore à diverses formations, laboratoires de recherche et publications universitaires.

    Prolonger la rencontre en allant voir le site (en réactualisation) d’Aline Ribière : http://www.alineribiere.fr  

     

     

    Expo 24 Ribière Labrunie

     

    Quelques extraits de Femmes entre elles,... /2017/ ÉTAT 1/ Dessins cousustissus, papier, feuille d’acétate, peinture acrylique. Structure méttalique créé par Rémi Jacques. L’aile/1984/ Bois, tissus, os, plumes, plastique, ficelle de lin.Boîte pour l’aile créé par Remi Jacques.

     

    Femmes entre elles, ...

    Travail en cours de réalisation/ État 1/ 

    Femmes entre elles,... et quelques hommes aussi pour rythmer le propos de cette installation, comme une collection de regards qui serait le cœur de cette nouvelle recherche.

    Un ensemble de formes, d’éléments recueillis, dessinés, transformés puis assemblés par une classification satellite.

    Aline Ribière coud et enchasse dans un recto verso surprenant les figures de Vénus, de déesses, de mères et de filles guerrières, de femmes séduisantes, de figures allégoriques issues de son panthéon personnel. Hommage au modèle féminin, vu par d’autres artistes et autoportraits de femmes artistes, toutes ses femmes qui revêtent une idée. 

    L’artiste en propose une lecture réversible où ses corps de tissus, modèles de poupées hors normes, se découvrent entre ombre et lumière. 

    Laisser voir ce qui se trouve derrière à travers l’écran que constitue un corps : la chair translucide, la trouée lumineuse d’un regard, la transparence d’un pli ourlé de ligne claire. 

    L’artiste circonscrit par le dessin de la couture, isole de leur contexte historique chacune de ses femmes et les relie entre elles, à elle.

     



     
    Expo 24 Ribière Labrunie
     

    1977. Une "Dame de bord de mer".

    Elle est prise au filet. Elle est peut être une "sirène" échouée   sur le sable par  un pêcheur audacieux qui se serait risqué malgré la malédiction liée à cette prise interdite.

    Si certaines images la montre comme en lutte avec le poids et l'ampleur du "piège" ici elle se tient debout, les bras écartés en "maitresse" du filet, nue, exposée au soleil, aux vents, et aux regards, dévoilée, consentante.

    Elle est couverte de la maille de laine grise qu'elle a elle-même  mise en forme. Elle a lutté contre, puis déjoué le piège sur la plage choisie, sous le regard du photographe, "pêcheur-aimé".

     
             
     

    Aline Ribière initiera en d'autres mailles, lin, tulle, velours, feutrine, ouatine, skaï, cuir, papier, plastique, passementeries, fermeture éclair, attaches parisiennes, fil de fer, des "robes" comme autant d'objets sculptures qui seront exposés comme tels ou qu'elle portera elle même pour une monstration.

    Un vêtement qui est l'invention d'un double au corps, l'habit permettant par ce qu'il est originellement, son étymologie même, d'habiter le monde. Un autre de soi qui peut aller jusqu'à la carapace qui protège, défend de l'extérieur, à moins qu'il ne soit comme une anatomie organique fantasmée en excroissance sur l'être habillé mais "écorché" qui porte en avant sa vulnérabilité. La peau seule peut être retenue et c'est ainsi le derme en ses plis qui vient affleurer en graphes impressionnés dans le tissu d'une robe qui se porte alors comme une mise à nue paradoxalement vêtue.

    On peut parler ici de vêture qui désigne d'abord simplement l'habit d'une personne mais aussi la cérémonie de la prise d'habit religieux ce qui peut insister ici sur le possible sens transcendant de l'oeuvre. Vêture est aussi un système d'isolation dans un bâtiment, ce qui vient ici renforcer l'idée de protection prosaÏque et s'il le fallait encore renforcer le lien architecture/ vêtement.

    La couture fil à fil de tarlatanes construit les "Corps de robe", silhouettes qui approchent le plat, légères et transparentes où se fondent l'un en l'autre vêtement et corps . Celui-ci est représenté par le blanc, de la même nature que ce qui est coloré noir ou rouge: la robe. L'un glisssant en l'autre, tantôt dessus, tantôt dessous, ils se trouvent enlacés en un tissage définitif. Portés, ils deviennent comme des "rideaux" en devant du corps propre de l'artiste le voilant en une délicate transparence.

    Il y a des robes-dessin parce qu'elles privilégient la ligne: soit qu'une seule ligne noire sur blanc d'organdi maille son volume, soit qu'elle joue avec humour d'une ligne propre au corps, "Ma ligne de hanche".

    Le corps de tissu cousu en même temps que l'habit peut ramener dans son principe même à la nostalgie d'un désir d'enfance: la poupée de chiffon. Si les formes peuvent en sembler bien éloignées, les Corps de robe qui soudent le corps à la robe et se portent en avant du corps , peuvent en constituer un substitut comme le sont souvent les poupées des petites filles.

    De là peut naitre le désir de la représentation de corps féminins de "chiffon", un pas qu'Aline Ribière franchit ici dans "Femmes entre elles". Le dessin cette fois ci devient un des instruments premier du travail parce qu'elle choisit de traverser les représentations féminines de l'histoire de l'art. Les figures empruntés autant à Louise Bourgeois qu'à la Vénus de Willendorf, Egon Schiele ou Roland Topor, Sandro Botticelli ou le Douanier Rousseau et de nombreux autres, reprennent à leur compte autant la Déesse serpent que la Vénus, la Vierge, Eve ou la Nonne, l'allégorie du Printemps ou la Guerre, des nus couchés ou assis en divers dévoilements d'elles mêmes, la jeune fille les poings sur les hanches qui semble en colère et la femme qui brode sa cuisse. Tant d'autres ici sur la structure alvéolée comme un corps "crinoline"dans lequel chacun peut se glisser et encore d'autres à venir dans ce travail en cours.

    Les représentations reprises sont peintes sur un acétate enchassé dans des organdis blanc d'un coté, noir de l'autre, à l'aide d'un fil noir lui aussi qui pose ainsi une ligne de contour "contrainte" (Aline Ribière) parce que cousue en un geste difficile. Dans les rectos et les versos, dans les transparences agissent des surprises sensibles et signifiantes complexifiant les figures qui ainsi se déplacent en se jouant de l'histoire.

    L'Aile se tient aussi au plus près de l'histoire par sa référence directe au croquis de Léonard de Vinci mais sert un dessein particulier porté par le texte.

    Il est un avis de recherche qui vous est adressé : pouvez-vous amener des renseignements sur cette trouvaille d'archéologue faite en 1946 en Turquie "des restes d'un squelette humain recouvert d'une armature de bois brisée" ?

    Il s'agit d'aider à la reconstitution de l'histoire de cet aviateur, funambule du ciel.

     

    Claire Paries

     

     

     

     

     

     

    Anne-Flore Labrunie

     

     

    Anne-Flore Labrunie vit et travaille à Bordeaux. Elle est diplômée de l’École des arts appliqués de Nice où elle s’est formée au métier de designer. Parallèlement, elle a reçu un enseignement de calligraphie traditionnelle pendant trois années. 

    Après son passage à l’opéra Garnier et Bastille, ses projets calligraphiques prennent une dimension scénique.

    La collaboration avec le danseur-chorégraphe japonais Shiro Daïmon lui insufle un travail de recherche intitulé : Écriture-dansée* 

    *Un travail plastique sur le rapport de l’écriture et de la danse. Il s’agit d’aller chercher le geste originel aux sources de l’expression.

    À la confluence des arts plastiques et des arts graphiques, l’art d’Anne-Flore Labrunie s’est nourri, au fil des ans, de diverses rencontres artistiques éclectiques. Son travail a donné lieu à de nombreuses expositions tant personnelles que collectives et l’a fait intervenir sur de nombreux projets en France, à Bordeaux, Paris, Vallauris, Sarlat ... et à l’étranger, au Bénin, en Nouvelle-Calédonie, au togo ...

    Prolonger la rencontre en allant voir le site d’Anne-Flore Labrunie : http://www.anneflorelabrunie.com

     

     

    Expo 24 Ribière Labrunie

    Angeli / 2014 / Série écriture-danséePhotographie / Jean de Giacinto

     

     

    Angeli

    « Nous voici en Italie dans les environs de Loreto, nous ouvrons la porte d’une maison abandonnée, j’ai un petit instant de surprise et dans la pénombre se révèle une intimité, un caractère, une âme où chaque prise de vue capture des instants fragiles entre apparitions et disparitions. [...] Nous refermons la porte de la maison et découvrons le nom du propriétaire : Gabriel » 

    Angeli, une série de photographies qui s’inscrit dans son travail d’écriture-dansée, qu’Anne-Flore Labrunie poursuit depuis une dizaine d’années.

    L’environnement de cette performance est un lieu de légende et d’histoire, où l’artiste trouve une forme pour réunir le passage du visible à l’invisible.

    Son écriture chorégraphique révèle l’espace pour le faire devenir paysage. 

    Elle se revêt du tissus peint, calligraphié, comme d’un médium, d’une substance entre diluant et liant, pour que son écriture-dansée, devienne le lien de ses sensations. 

    Le corps de la calligraphe devient l’outil scripteur, le tissu devient l’encre et l’espace devient la toile de ce moment unique.

    La photographie saisit et transcende la forme fémininine, dessine le contour de l’expérience et devient le miroir du lieu, de cette évènement.

    « Angeli, est une série de fragments qui saisit le passage d’un souffle. Rencontre avec un monde invisible que nous avons tous déjà perçu avec la sensation étrange de la présence d’un être invisible, d’une réminiscence d’un lieu.

    Calligraphie de l’air, ici émerge une nouvelle danse. Une nouvelle page d’écriture-dansée se dessine. Angeli est une invitation à un dialogue avec l’ange. La rencontre d’une maison abandonnée avec l’abandon de soi (de l’artiste) pour y laisser surgir le mystère, l’inconnu, l’impalpable.»

     

     

     

    Expo 24 Ribière Labrunie

     

     

    2014. Une "Dame de bord de mer"

    Les deux bras étendus déploient en ailes le voile noir. Elle marche la tête penchée au sol. Les pieds nus s'enfoncent dans le sable, assurent les appuis. Est-elle dans l'élan pour l'envol depuis la dune blanche, ou se stabilisant après le vertige du ciel ? Elle semble danser dans un entre-deux.

    Elle aura comme chuté, comme roulé-enroulée, parcouru la dune jusqu'à déployer le tissu léger en une élévation aérienne.

    Elle est en mouvement vers un autre, peut être "oiseau", dans la série "Mue" exécutée dans l'intimité d'un seul regard, celui du photographe,compagnon de vie,seul à être mis dans la confidence.

     
             
     

    Anne Flore Labrunie racine en "graphein" : ce terme ancien qui origine dans le même temps peindre/ dessiner; écriture/image.

    De là elle peut dériver: en calligraphie dans l'élan et la retenue concentrée d'un geste respiré pour encrer le papier en écriture imagée, dans l'apprentissage de la danse, mouvement qui inscrit/déploie un corps cinétique dans l'espace.

    Le geste exploré dans ces dimensions et ces temporalités si différentes apparemment, va trouver une synthèse en ce que l'on pourrait appeler une "calli- choré-graphie", "écriture dessinée dansée."

    Elle garde le souffle de la calligraphie pour inspirer-respirer l'écriture qui parfois invente le "costume", voile dessiné, peint, dont elle se vêtira pour se mettre en danse. Mais aussi pour une chorégraphie inscrite en story board.

    Autant de phases qui sont un préalable à l'action proprement dite qui devra trouver son lieu, paysage ou architecture habitée d'histoire, qui sera en même temps une apparition lumineuse particulière.

    La rencontre entre l'espace et le propos défini au préalable, permettra au corps d'entrer en acte, de jouer sa partition, dans la solitude, la concentration en soi, l'oubli de l'autre, ne consentant qu'au seul regard discret du photographe laissé à lui même.

    L'oeuvre, souvent constituée d'images en série, ne conservera que des instants photographiques qui seront alors autant d'images uniques, additionnées et regardées chacune pour elle-même: comme autant de calligraphies incarnées en actes sensibles re-dessinant l'architecture lumineuse des espaces afin de servir le propos.

    Les propositions peuvent être plastiques, Mue, Poids, Signs ou liées à un récit.

    Angeli ou Anges s'origine de l'intérêt pour une légende du monde chrétien : la maison de la Vierge aurait été déplacée dans les airs par les anges depuis Nazareth jusqu'à Ancone dans un bois de lauriers pour l'abriter des invasions turques. Du bois de lauriers on est passé à Notre-Dame de Lorette, patronne des aviateurs.

    Quand le récit miraculeux s'éteint, la référence à l'ange se confirme dans le patronyme Angelis de la famille qui aurait fait démonter pierre à pierre la maison de la Vierge pour l'installer dans leurs terres à Ancone, autre version de l'histoire.

    Partie à la recherche d'une possible vérité architecturale de la légende, Anne- Flore Labrunie tombera par hasard sur une maison en ruine dans la lumière du soir. Elle apprendra par la suite que le propriétaire porte le prénom de l'archange, Gabriel, ce qui confirmera le sens de ce qui peut se nommer une trouvaille. Elle sera alors assurée de la justesse du lieu découvert qui peut servir la présence de l'ange. Le choix n'est pas celui d'une quelconque adéquation historique portée par le patrimoine, la basilique Notre Dame de Lorette à Loreto mais bel et bien la découverte d'un lieu qui peut entrer en résonnance avec le projet de l'artiste, l'incarner.

    Anne-Flore Labrunie, dépouillée, nue, sous un voile blanc à la discrète calligraphie va entrer dans la partition des Angeli qui élève le corps en transparence dans une lumière aérienne mais peut aussi le faire choir en repli sur le sol ombré des décombres. Des cieux peuvent naître de la dissolution d'un plafond. Une fenêtre illuminée vient suggérer comme une apparition. La "danse" agit les espaces successifs de ce qui ne fut en réalité qu'une maison ordinaire pour l'habiter d'une présence transcendante.

    Claire Paries

     


     

    J'ai proposé aux classes qui souhaitaient prolonger la visite de l'exposition par une production plastique réalisée à l'école, de mettre sur ce blog, sous forme d'échange, quelques productions.

    Voilà les réponses qui ont été faites. Merci aux enseignants et aux enfants.

     
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