• Expo 20 En traversant le paysage

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    Alain Béguerie, Laurent Cerciat, Cécile Hartl, Gaëlle Hamalian-Testud, Vincent Poujardieu, Guillaume Toumanian,

    En traversant le paysage

     

    Expo 20 En traversant le paysage

     

    Les invités 

     

    Ils sont six à s’être invités mutuellement en amont de la proposition d’exposition à la Chapelle. Ils pratiquent la peinture, la sculpture, l’installation, la vidéo, le design,la photographie et se sont retrouvés autour d’un point commun : la présence dans leurs œuvres d’une attention particulière portée à des rencontres avec le paysage.

    Ils avaient le désir de se confronter à la mise en espace collective de leurs œuvres le temps d’une exposition, d’inventer un trajet inédit : une « Traversée du Paysage » que la Chapelle Saint Loup accueillera du 11 au 25 mars 2016. 

    Les uns se font observateurs, cueillent, récoltent, collectionnent, pour vivifier l’objet artistique. Les autres s’attachent à la marque la plus simple de la présence humaine dans la nature, ou affectionnent les lumières et les mouvements qui transfigurent le paysage.

     

     

     Expo 20 En traversant le paysage

     

     

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    Quelques vues de l'exposition (clic pour agrandir)


     

     Alain Béguerie 

    Expo 20 En traversant le paysage

                                        Jeux, (extraits), photographies argentiques.

     

     

    Alain Béguerie . Photographe, il vit et travaille à Bordeaux depuis 1980. Il répond à de nombreuses commandes, tout en menant un travail personnel qui le mène vers plantes, herbes, fleurs, arbres dépaysés par une photographie portée par un regard rapproché et sensible, sur ces éléments simples côtoyés au quotidien.

    Voir le site d'Alain Béguerie

     

     

     


     

     

    Laurent Cerciat

    Expo 20 En traversant le paysage

                             Adventices, extraits, thermoplastique, pigments, 2015                                               Les rêveurs, extrait, 2009

     

     

    Laurent Cerciat diplômé de l’École des Beaux-Arts en 1996, vit et travaille à Bordeaux. Son attrait pour la promenade en des paysages et jardins l’amène à retenir des détails ou des configurations qui seront réinventées, animées d’une autre vie, en des installations déroutante pour la perception.

    Voir le site de Laurent Cerciat 

     

     

     

     

     


     

    Gaëlle Hamalian-Testud

     

    Expo 20 En traversant le paysage

                              Lampions, Biarritz, 60 x 40 cm, 2015                                                      Piquey chinois, Cap ferret,60 x 40 cm, 2009 

     

     

    Gaëlle Hamalian Testud, vit à Bordeaux et s’inscrit depuis une vingtaine d’années dans la tradition de la photographie humaniste. Accomplissant de nombreux reportages, au Japon, Vietnam, Arménie ou Mexique, elle expose régulièrement depuis 2004.

    Le besoin de se retrouver au plus près de soi, l’amène sur les voies simples de la captation des lumières et mouvements des paysages d’ici et là, à la recherche de points extrêmes où les formes à la limite de la reconnaissance se transforment en « territoires imaginaires »

    Voir le site de Gaëlle Hamalian-Testud

     

     


     

     

    Cécile Hartl

     

    Expo 20 En traversant le paysage

                                                            Babouche, monnaie du pape et scarabé doré, 2007                    Robe tunique Rosa, pétales de roses jaunes séchés et liés, 2016

     

     

    Cécile Hartl, diplômée en arts plastiques vit et travaille à Bordeaux. Enseignante en arts plastiques et visuels elle anime depuis 2008 des randonnées pédestres. Ses œuvres sont directement liées à ses activités de promenade dans le paysage pendant lesquelles elle glane, cueille des végétaux les plus simples, parfois les plus fragiles, de la monnaie du pape au coquelicot avec lesquels elle confectionne des objets, produit des installations, ou sollicite des actions avec son public.

     

     


     

     

    Vincent Poujardieu 

     

    Expo 20 En traversant le paysage

                                        Vase Explosion, 53 x 19 cm  2014               Paravent Papillon, 100 x 6,5 x 172 cm,  1994

     

     

    Vincent Pourjadieu, né en 1963, diplômé de L’École des Beaux-arts de Bordeaux, est designer. Il aime la confrontation des matériaux naturels et technologiques, les porte à faux, les équilibres précaires. Il peut s’inspirer d’œuvres existantes interprétées en objet quotidien, ou détourner la fonction de l’objet par l’emploi d’un matériau contradictoire.

    Voir le site de Vincent Poujardieu

     

     

     


      

    Guillaume Toumanian

     

    Expo 20 En traversant le paysage

                    Crépuscule V,  65 x 92 cm, Huile sur toile, 2015                                     Lueur, 60 x 80 cm, Huile sur toile,  2015 

     

     

    Guillaume Toumanian né en 1974, est peintre, vit et travaille à Bordeaux. Il interroge la peinture dans sa capacité à « imposer une présence dans un monde saturé d’images ». Les paysages qu’ils soient, crépuscules, point du jour, tempétueux ou envahis de brume refuse toute évidence, s’adonnant à une presque monochromie sourde d’où jaillissent quelques trait lumineux, à la limite du voir.

    Voir le site de Guillaume Toumanian

     

     

     

    En traversant le paysage

    Se promener, flâner, vadrouiller, déambuler, arpenter,

    marcher, courir, grimper, enjamber, sauter, 

    se poser, attendre, voir, regarder, 

    relever, noter, interroger,

    le sol, le ciel, l’horizon,

    les choses alentour 

    entre montagnes, mers, campagnes ou villes.

    Mouvements, gestes, actes de six artistes qui appréhendent chacun à leur manière « leur » paysage en une rencontre sensible. Eloigné d’un point de vue pittoresque, détaché de ce qui fait les caractéristiques d’un pays, le paysage est  d’abord vécu : immersion sensuelle. 

    Les six ont en commun d’avoir privilégié lors de leurs balades, une part parfois infime des sensations physiques, visuelles, tactiles, quelque rencontre avec un élément qu’il soit ombre, lumière, roche, herbe, fleur. 

    Certains tirent vers eux le ciel, d’autres se penchent vers ce qui est déposé là au sol. Végétations spontanées, herbes folles poussant entre trottoirs et murs des villes, ou sur les bords des chemins et les terrains vagues, pierres ramassées sur les bords des sentiers de montagne, liserés entre ciel et terre, captation d’une lumière qui défait les choses, quelques ombres chinoises trouvées ici dans un sous-bois. 

    Ils cueillent, récoltent, collectent, débusquent, rencontrent, retiennent. 

    Cécile Hartl, cueille sur les chemins des campagnes, les plantes et fleurs, matériaux premiers des  vêtements qu’elle confectionne, chaussure ou robes.  

    Laurent Cerciat,  récolte, observe, se fait botaniste pour réinventer des fac-similés et les abriter en agencements signifiants dans les espaces d’exposition.  

    Vincent Poujardieu collecte les pierres, rochers, cailloux pour s’en nourrir, les associer avec des matériaux industriels pour des objets quotidiens. 

    Alain Béguerie brusque délicatement le réel pour mieux débusquer la poésie latente des arbres et plantes ou fleurs. 

    Gaëlle Hamalian-Testud s’aventure pour une rencontre fortuite qui n’exclut pas l’attente, l’affût pour l’image photographique. 

    Guillaume Toumanian retient par la mémoire photographique ces points du jour  fugaces à la limite du visible, pour les ressaisir en peinture.

    De la nature du paysage ils manifestent la cohabitation des états de fragilité,  légèreté, précarité, poids, masse, persistance, déplacement ou  énergie.

     Dans l’entre deux des masses des arbres et des ciels nuageux volatiles se glisse un interstice lumineux mouvant.  

    Guillaume Toumanian  affectionne ce moment de la tombée ou de la naissance des jours, porté en une monochromie unifiée par des couches légères de glacis venant recouvrir les masses opposées des clairs et des sombres, les gestes enrobant et souples accompagnés de ceux plus aigus qui dessinent et empâtent, raclent, liquéfient en coulures, les graphes des branches, des feuilles, les lueurs de la ville ou parfois la présence des reflets d’eau. 

    A la lisière ce qui unit et sépare à la fois, l’émergence du dernier rai de lumière capté avant que ne s’éteigne ou n’arrive le jour qui pour le peintre est d’habitude l’instrument essentiel qui permet le voir. Paradoxe d’une peinture qui opte pour des instants d’asthénie des sens, les oblige à l’insistance, force le regard là où dans ses habitudes il abandonne la partie. 

     Les photographies de Gaëlle Hamanian-Testud  isolent ce qui dans le paysage fait bloc : lumières ou mouvements ou textures. Les sites familiers sont poussés dans leurs retranchements, guettés pour ce qu’ils peuvent émettre de rare, d’inattendu. 

    Blanc tranché par quelques lignes souples noires en croisements orthogonaux.  Noir traversé de points blancs divaguant depuis quelques segments discontinus horizontaux. Les détails s’abolissent en quelques ponctuations résiduelles dans la montée de l’obscur ou l’instant de l’éblouissement. Flous portés par la pénombre, les déplacements ou les vents emportent d’autres images en mouvements, balayages,  déclinaisons en  gris ou couleurs baveuses comme liquéfiées. A l’inverse l’attention portée à la texture des choses provoque des photographies en couches, strates rythmiques, dont chaque détail poussé à l’extrême concourt à la partition de l’ensemble.  

    Les paysages rencontrés par Gaëlle Hamanian-Testud agrègent les disparités au profit d’une uniformité compacte, construisent les dissemblances en un tissu dense à moins que les vacillements n’emportent l’ensemble vers le trouble.  

     Le linge a été étendu. Draps et serviettes de toilette chevauchent la corde tendue entre les arbres, à la lisière du jardin avec ses mimosas ouvert sur la forêt de pin, produisent autant de clartés installées dans les verts et bruns sombres du sous bois. Le poids du linge plus ou moins humide incline les plans qui souvent plissent, ou se trouvent gonflés du léger vent qui souffle. 

    Le geste simple des jours ordinaires invente au cœur du taillis tout en clair-obscur des écrans fluctuants qui révèlent le dessin ombré en aplats grisés de détails mouvants projetés par quelques rais de lumière. Les instants impressionnés tour à tour révèlent le détail de la végétation ou les mouvements du paysage. 

    Alain Béguerie capte par la photographie dans le même moment le paysage dense et les images fugitives qu’il engendre successivement. Il réinvente avec le plus grand naturel, dans l’intimité des linges séchant au jardin, la première image, ombre projetée par la lumière sur une paroi, lointaine utopie du rêve humain qui veut retenir par quelques bribes les souvenirs d’une vie, et qui est aussi à l’origine du désir de la photographie.     

     Le Paravent de Vincent Pourjadieu est un papillon amené à taille humaine, vidé de toute substance colorée, au profit d’un verre transparent qui ne peut rien occulter.  Il tient au sol sur les deux extrémités de ses ailes ; le troisième appui constitué de son corps central en longue aiguille fait charnière. Les deux pans du paravent sont comme un battement d’aile du papillon qui lévite vertical au dessus des choses. Equilibre précaire pour un objet pérenne. Fleurs et herbes, paysage propre au lépidoptère, incorporé aux ailes, apportent une légère altération au verre limpide. Les motifs gravés tout en opacité viennent alors se suspendre aux espaces dans lesquels le paravent se tient.  

    Le Vase Explosion réinvente la forme des Arbres Foudroyés de Giuseppe Penone. Mais il en inverse la proposition. L’orage semble enfermé dans la base bleu-nuit et soumettre le récipient à une force interne par l’éclaircissement progressif de la couleur comme si des ténèbres des cieux enfermés dans le fond était montée une fulgurance qui avait déchiqueté l’ouverture du vase pour s’en échapper, laissant aux  bords extrêmes quelques gouttelettes de verre. Vincent Pourjadieu designer, cultive l’ambigüité, poétise la fonction de l’objet quitte à déranger les représentations en usage.   

    Ils sont assis sur leurs rochers comme sur des ilots perdus, si étrangers les uns aux autres par le vide laissé entre eux, à moins qu’il n’y ait là l’émergence de quelques sommets rocailleux hors d’un monde comme plongé dans un  brouillard. 

    Hommes ou femmes, leur présence est portée à chaque fois par une simple pierre, quelques herbes, mousses et racines ramassées sur les bords des chemins, confectionnées en une géologie commune avec à chaque fois sa propre identité  paysagère. Ils partagent le même monde mais qui aurait comme disparu nous laissant devant la mélancolie de l’apparition de quelques bribes résistantes. 

    Laurent Cerciat travaille avec l’échelle des choses précarisant le monde par des  miniatures de paysages ou en monumentalisant les « mauvaises herbes » ou adventices. Ces poussées anarchiques toujours combattues, toujours de retour, sont ici sculptées en plastique thermoformable, identifiées une à une et posent comme des objets à part entière. L’artiste impose dans une présentation qui les dresse, chacune en son espace, objets de culture sur leur socle commun, une reconnaissance, une beauté formelle, une nécessité.  Laurent Cerciat agit comme un révélateur sensible et discret, éveillant les sens par la beauté d’objets artistiques qui peuvent être perçus comme autant  d’éclaircissements liés aux paysages construits ou naturels qui nous entourent. 

     Des objets sculpturaux qui viennent s’opposer à toutes les apparences habituelles de solidité et de permanence parce qu’utilisant la fragilité même de ce que peut produire la nature, le paysage. Les silicules, fruits de la monnaie du pape, ou les pétales de coquelicots sont associés un à un pour des objets-vêtements, robes ou chaussures, dont la matérialité si légère, les suspend translucides dans l’espace.  Ils sont comme des peaux légères en écailles dont la couleur s’altérant avec le temps, peut  les laisser à la limite de l’apparition. 

    Cécile Hartl  affectionne la cueillette de ce qui pousse au hasard des près et des chemins, ou de ce qui est encore en graine enfoui dans la terre, embryon de vie.  Semer devient alors un geste artistique dés lors qu’il est collectif et produit dans le hasard des cheminements qui peuvent exister y compris,  dans le paysage urbain, dans la confiance pour la vitalité des plantes.  

    Elle conserve fleurs, semences, classées dans des boites hermétiques, abrite leur transformation progressive, les réserve pour aussi en couvrir le sol en tapis ou inventer des configurations pour les murs. Les minuscules fragments de paysages cueillis sont ainsi transformés pour vivre comme à fleur de peau de l’humain, que ce soit dans cette première demeure qu’est le vêtement comme dans ce qui fait l’épiderme des maisons. 

    Claire Paries

     

      


         

    Samedi 19 mars 2016

    Tout va bien tant qu'on sème, une proposition de Cécile Hartl. Photographies de Chantal Vaubourdolle.

     

    Expo 20 En traversant le paysage

     

    J'ai proposé aux classes qui souhaitaient prolonger la visite de l'exposition par une production plastique réalisée à l'école, de mettre sur ce blog, sous forme d'échange, quelques productions.

    Voilà les réponses qui m'ont été faites. Merci aux enseignants et aux enfants.


     

     Voir iciAucun paysage n'est réel, mais il pourrait exister, réalisé par une classe de CE1.


     

     

     

     

    En traversant le paysage

    j'ai vu

    la grande mairie

    la boutique du coiffeur

    une mamie à l'entrée de sa maison

    les écorces des troncs

    la boulangerie appétissante

    du sable derrière une voiture

    deux petits gendarmes rouge et noir

    le chien sur le trottoir

    de l'herbe chaude

    des pâquerettes

    le clocher blanc

    un bureau de tabac

    un passage secret

    une porte ouverte

    une salle de théâtre

    le chat roux

    et la chapelle Saint Loup.

     

    Texte collectif écrit par la classe de CE1 de l'école PJ Toulet

    suite à notre visite de l'exposition "En traversant le paysage"