• Expo 16 Matton Paris

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    FRANÇOIS MATTON, HÉLÈNE PARIS, L'ÉVEIL REMUE

     

    Expo 16 Matton Paris 

     

     

     

     

     

     

     

     

     

    LES INVITÉS

     

    François Matton est né en 1969. Il vit et travaille à Paris. Après avoir effectué des études à l’École d’art et de design de Reims, il oriente progressivement sa pratique artistique vers le dessin et l’écriture. Il est l’auteur de livres mêlant textes et dessins, publiés pour la plupart aux éditions P.O.L. En marge de la réalisation de ses livres, François Matton publie régulièrement sur son blog à dessin, qu’il conçoit comme un laboratoire pour expérimenter les liens les plus divers entre textes et dessins.

    Hélène Paris est née en 1982.  Elle vit et travaille à Paris où elle mène parallèlement un travail d’artiste et d’illustratrice. Diplômée en design de L’École supérieure d’art et de design de Reims, elle s’est vite tournée vers un travail artistique qui questionnait son intimité, son identité à travers les thèmes de la féminité, du rapport à l’autre, de l’inconscient.  Depuis 4 ans, elle expérimente d’autres pistes de réflexions par le biais du dessin, qui l’emmènent vers des territoires narratifs et créatifs jusqu’alors inconnus. Cette exposition est un retour à l’installation et notamment à son attachement pour le textile. 

     

    L'ÉVEIL REMUE

     

    C’est une fête que de recevoir à la chapelle François Matton et son invitée Hélène Paris avec L'éveil remue, beau titre de cette exposition, évocateur d’apparition et d’ouverture.

    Des grands dessins pour François Matton, représentant des gestes sommaires, des petits mouvements, présentés souvent en boucle, et décomposés image par image, comme autant de grandes bandes ​de papier qui ont un statut proche des séquence​s​ d’images filmiques.

    Une installation intitulée Marie couchez vous là, pour Hélène Paris, composée de différentes parties réalisées à travers des médiums différents : triptyque, tableaux, toile brodée et objets symboliques interrogerons nos perceptions de la féminité. 

    Tout se met en place, les remuements de leur deux univers éveillés.


     

     

    Expo16 Matton Paris

     

     

    Expo 16 Matton Paris
     
    Expo 16 Matton Paris
     
    Expo 16 Matton Paris
     
    Quelques vues de l'exposition
     

     

    François Matton

     

    Expo 16 Matton Paris

     

    J’aime dessiner - ce que je place plus haut que tout, plus haut que le langage - 

    le dessin permet de célébrer le monde de façon très simple, directe : 

    en saisissant par quelques traits la présence immédiate des choses

    aimées, présence traduite directement, sans commentaire, en allant

    droit au but, en touchant directement ce qui fait frémir (dessin, caresse) - 

    Ne pas tourner autour du pot = dessiner vite, spontanément, en 

    confiance absolue et insouciante. Comme avec la caresse, donc, 

    on ne peut pas tricher, il faut dériver et être là, complètement- 

    Alors, quand ça marche, j’ai l’impression de célébrer quelque chose, 

    oui, sans aucun doute - et ça me rend heureux.

     

    Extrait d’un texte écrit par François dans son livre 220 satoris mortels

     

     

    Expo16 Matton Paris

     

     

    Il se dépose avec légèreté dans un entre deux où courent les graphes, qu’ils soient dessins ou écritures. Il se contente de peu : un coin de bureau, une feuille de papier ordinaire, crayons de couleur, aquarelles, stylo ou feutre.

    Il signifie par quelques indices, invente un suspens en confidences elliptiques comme pour un entre-soi. Mais ce qui aurait pu rester discret est ensuite voué aux hasards des rencontres, alimentant régulièrement un blog sur Internet. Il lui arrive de travailler pour la presse, de publier des livres, mais on ne peut le dire ni graphiste ni illustrateur. François Matton est dessinateur et peut être auteur à moins que ça ne soit une nostalgie de la peinture qui le travaille quand il s’envisage à l’échelle du mur en aplats de couleur.

    Des femmes nues, des amoureux, des baisers, des paysages de ville et de campagne, des cuisines et des bureaux, des chats, des rats, des éléphants, des gorilles et tant de choses encore l’accompagnent au quotidien.

    Des lignes déliées et affirmées ou comme agacées en reprises successives reviennent sur elles-mêmes brouillant l’ensemble. Parfois des aplats noirs, des taches colorées qui emplissent ou auréolent en débordements, quelques hachurages, et des textes qui viennent articuler des dialogues, ou jouer d’un niveau second à l’image à moins que le rapport ne s’inverse et que l’image viennent brièvement accompagner un texte plus déclamatif par sa longueur.

    De temps en temps le dessin se met en mouvement : un squelette tourne sur lui-même, un baiser s’échange, un gorille ouvre sa gueule, des mains s’agitent doucement, un drapeau flotte au vent.

    Le mouvement s’enchaine en boucle, en un surplace où parfois l’accumulation des représentations les unes sur les autres effectue un brouillage parce qu’aussi rien ne se déplace. Un retour au même : pas d’avancée chez François Matton, juste « une figure » qui s’anime.

    Dessinée image par image la décomposition du mouvement sur un même support et en grand format, déploie l’espace, l’approche en parcellisant les motifs, suspend le temps à un parcours en va-et-vient. Ces petits changements, imperceptibles d’habitude, se font insistants parce que réinventés par la main du dessinateur, ralentissent le regard, l’invitent à des arrêts sur images inédites.

    L’attention de François Matton veut porter sur ce qui est modeste, parfois indiscernable dans l’agitation ordinaire et intime. Etre là, faire face, agir la main qui parcourt la feuille, autorise un retranchement dans le silence de l’acte à moins que ce ne soit une « mise au point » qui n’advienne par l’écriture. [L’invitation littérale de «se mettre au point» (en accumulant des points sur une feuille) est d’ailleurs devenu une proposition pour s’engager dans une action gratuite obligeant à une concentration réflexive sur soi.]

    On pourrait parler d’une ascèse du dessin, dans le sens d’une discipline quasi quotidienne, qui est aussi une manière de vivre jour après jour. Dessiner est ici un écart d’avec le monde dans le refus de se laisser happer par les amoncellements d’images, de commentaires, tout en voulant obstinément y être présent et y contribuer pleinement. Paradoxe de qui ne veut pas croire aux évidences, qui se garde des fulgurances, des brillances, du tapageur, cultive la lenteur, la distance, le murmure : une vigilance qui se veut laconique, une présence toute en retenue active.

    Claire Paries

     

     Voir le blog de françois Matton

     

     

    Hélène Paris

     

     

    Expo16 Matton Paris
     

    Ne pas tout dire, ne pas tout montrer, assumer le vide pour mieux laisser la place à l’imaginaire, mais aussi à l’inconscient.

     

    Une MARIE-COUCHE-TOI- LÀ !

    L’expression est un peu tombée en désuétude et on oserait espérer que ce soit parce que l’opinion ne considère plus que certaines femmes ont la cuisse légère ou hospitalière par rapport à d’autres dites vertueuses.

    Et puis toutes les filles ne s’appellent plus Marie ce qui était le cas de beaucoup des générations passées qui étaient ainsi toutes vouées à la Vierge dans les pays à dominante catholique.

    « MARIE COUCHEZ VOUS LÀ » s’adresse par le vouvoiement à des femmes plurielles, tout en les interpellant individuellement par un prénom qui a pu être générique. L’expression à peine modifiée adoucit le propos, peut inviter avec humour à la détente, voire évoquer quelques échanges entre femmes. Elle se détache de son sens premier de fille de petite vertu, fille à matelot, tout en conservant l’empreinte forte de son origine.

    L’origine de l’expression est inconnue mais dans la mémoire commune elle réfère à la Bible, et en particulier à Marie Madeleine qui reste dans les souvenirs comme la pécheresse qui lave les pieds du Christ. Mais elle n’est pas non plus sans évoquer en contrepoint Marie, la mère de Jésus-Christ, vierge à tout jamais : ne dit-on pas la Vierge Marie. Et l’histoire serait simple si à ces deux femmes en une, on ne devait pas en rajouter d’autres qui ont été assimilées dans les textes bibliques à Madeleine, Marie Magdela possédée de sept démons, et Marie de Béthanie, femme vertueuse, disciple admirative de Jésus- Christ.

    Au-delà d’être duelle on voit que la Marie de l’injonction est multiple : mère et vierge et prostituée et possédée du diable, esclave de ses passions ou disciple de la figure masculine. C’est de cette image d’une féminité multiple, ambivalente, voire négative, que s’empare Hélène Paris.

    L’expression populaire sert de révélateur à ce qui s’est imprégné du sacré dans le profane, à ce qui résiste à l’évolution du temps, marque les inconscients.

    Des objets à la fois discrets et précieux : linge d’un blanc virginal en broderies en croix d’or renversées, icône en effacement par un quadrillage imprégné d’ordre et de raison géométrique, alors que peut s’atteindre un « septième ciel », minuscule. Un triptyque évoque un Eden laconique, ou homme et femme restent étrangers les uns aux autres.

    C’est avec délicatesse qu’est ainsi évoqué en une installation l’imprégnation du religieux dans nos sociétés contemporaines qui exige que la jouissance des corps se réalise selon sa Loi. Au delà sont évoqués nos êtres morcelés, selon des croyances toujours vivaces, qui nous partagent entre désir, parentalité, réalisation de soi, indépendance et attachement amoureux. L’installation est alors comme une invitation à regagner son être propre, à se laisser aller à son propre désir hors des injonctions sociales traditionnelles.

    Hélène Paris se définit comme artiste plasticienne et illustratrice. Elle travaille entre deux pôles : installations et dessins qui font souvent allusion à l’identité féminine, aux relations à l’autre, au langage.

    Les feutres et tissus, fils, laines, broderies, comme autant de matériaux légers et sensibles sont employés dans les installations.

    Les tracés aigus, incisifs des dessins à l’encre noire glissent à fleur de papier, entre précision en ligne claire et hachurage patient. Les trouées des blancs, manques ou vides, ménagent des silences elliptiques.

    Jamais explicite, elle se garde bien d’affirmation, mais joue d’évocations souvent parcourues d’un sentiment d’étrangeté grâce à des dédoublements, des effets miroirs aux reflets en porte à faux, des variabilités d’échelle à l’intérieur d’une même représentation. Le langage peut servir de point d’appui pour emporter l’esprit en jeux d’images comme on dit jeux de mots. Les mises en situation confinent souvent à l’absurde, l’équivoque, peuvent remémorer des choses comme vues en rêve.

    Hélène Paris est de ces artistes qui sont des femmes et qui le manifestent, tout en gardant « les pieds sur terre », «la tête dans les nuages », « la main leste » et « la cuisse légère ».

    Claire Paries

     Voir le site d'Hélène Paris

     


     

     

    J'ai proposé aux classes qui souhaitaient prolonger la visite de l'exposition par une production plastique réalisée à l'école. Voici quelques productions. Merci aux enseignants et aux enfants. 

     
    F.Matton devenir imperceptible          Danse de la classe
    François Matton, Devenir imperceptible, GIF animé 2015 

    Classe de CM1, H.Ducamp, On danse, GIF animé 2015

     

     
    Ça bouge, ça remue, ça se déplace, part 1  
     
    Classe 5 de Caroline, grande section, École île Bleue. Part 1, 10 séquences, 02:14.
     

     
    Ça bouge, ça remue, ça se déplace, part 2 
     
    Classe 5 de Caroline, grande section, École île Bleue. Part 2, 10 séquences,  02:02.