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Expo 11 Morse Odessey
BOB MORSE, MABEL ODESSEY
Les invités
Bob Morse, invité à la chapelle Saint-Loup proposera des collages, qu’ils soient pièces uniques comme le grand triptyque ALL MAN, qu’il présentera pour la première fois ou déclinés en séries, intégrés à des carnets ou des objets.
Bob a invité la photographe Mabel Odessey qui affectionne la Camera Obscura qu’elle fabrique elle-même depuis les années 80. Boîtes dépourvues d’objectif : seul un petit trou laisse entrer une faible quantité de lumière, ce qui oblige un temps d’exposition assez long.
Mabel Odessey propose aussi de créer dans le jardin de la chapelle, une grande camera obscura afin de permettre au public de regarder le monde autrement.
Lors du premier week-end de cette exposition, Mabel proposait un stage sténopés, voir ici : Page stage avec Mabel.
Vues de l'exposition
Angels - Sténopé Ghost Goya Garden - SténopéMabel Odessey
Bob a invité la photographe Mabel Odessey. qui affectionne la Camera Obscura qu’elle fabrique elle-même depuis les années 80. Boîtes dépourvues d’objectif : seul un petit trou laisse entrer une faible quantité de lumière, ce qui oblige un temps d’exposition assez long.
Dans les sténopés de Mabel Odessey, le temps nécessaire à la montée de l’image va permettre à la lumière de déposer les empreintes de la durée sur le papier sensible. Cette artiste développe, un univers singulier où les choses, les hommes, l’espace ne sont jamais là où on les attend. Les photographies de Mabel exercent sur ses sujets puis sur le spectateur une résonance particulière. L’artiste a fait de nombreuses expériences grâce à la mobilité du processus qu’elle engage.
Mabel Odessey est en mouvement, dans le geste, dans sa posture, celle du photographe. La rencontre est une thématique essentielle. Parfois elle n’est pas derrière sa camera, tout près de ses modèles, elle leur parle.Dans une performance intitulée Piano paille pinhole Mabel répondait en improvisation conjointe au Musicien Stéphane Sassi. Que se soit dans Games and ritual, dans Car boot sale ou bien dans d’autres projets réalisés avec différents groupes, des musiciens, des danseurs, des vieux et des vieilles dans Lifelines, elle propose la rencontre de son regard singulier.
CAR BOOT SALE
Dans l'installation Car boot sale, mot typiquement anglais qui se traduit par, vide-grenier, les sténopés, parfois colorisés et des objets se côtoient. De menus objets ou bien des restes, après les passages de ces ventes sauvages, viennent encadrer la photographie dans cette mise en boîte. Cette série, genèse du travail de Mabel, réalisée en 1990, dépasse la notion du simple témoignage d’une époque de crise en Angleterre. Les cadrages, la profondeur de champs, inhérente au sténopé, et ses choix d’objets collés, amorcent un regard au delà de la réalité du moment et de la période traversée.
GAMES AND RITUAL
Des rondes rythmées par une chanson, des jeux de mains, en relations intimes, des cache-cache, entre oubli et peur, jusqu’à ce que je te retrouve et te fasse de nouveau exister au monde, des marelles où le paradis, le ciel, enfin atteint annonce qu’on a gagné ou encore des jeux de hasard où le lancer de mikado, d’osselets, propose une figure, un aléatoire qu’il faut s’approprier pour lui donner un sens, tous ces jeux, Mabel nous les fait apercevoir comme des rituels initiatiques venus du fond des âges.
Hopscotch - Sténopé Domino at the cross - Sténopé
Au sujet des photographies de Mabel Odessey
Un visage appareillé, un œil rivé au viseur remplacé le plus souvent maintenant par le masque d’un écran porté à juste distance pour le contrôle de l’image qui se forme : telle est l’idée qu’on se fait ordinairement du photographe qui avance en partie dissimulé derrière son outil, regardant le monde par machine interposée. Mabel Odessey est une photographe à visage découvert, les deux yeux grands ouverts face aux êtres, aux choses. L’appareil photographique est déposé, comme mis de côté, ou parfois tenu, brandi à bout de bras le temps d’un éclair lumineux calculé. Pas de viseur, et donc pas de visée qui tente de maîtriser le cadre de l’image, la répartition des masses lumineuses, l’instant retenu. Pas de déclencheur pour la prise de vue, seule l’intuition de l’auteur pour agir, interrompre un processus en tenant compte de l’intensité de la lumière, de la mobilité des sujets.
Elle a renoncé à la maîtrise toujours plus grande offerte par l’industrie pour s’en tenir à ce qui a précédé l’invention même de la photographie : le sténopé ou la chambre noire. Une boîte hermétiquement close, avec une petite ouverture de la taille d’une aiguille qui laissant passer un rayon lumineux permet la constitution sur la face opposée de l’image inversée de ce qui est placé devant. Pour retenir l’image sur un papier sensible un temps d’exposition qui peut durer de quelques secondes à plusieurs heures selon la lumière ambiante.
L’image photographique qui reproduit ce que le regard a pu voir, déceler, n’intéresse pas Mabel Odessey. Elle veut se faire surprendre par la montée d’une représentation inattendue dans l’expérience de la réalité qu’elle a eu alors même qu’elle travaille des séries dont on peut dire qu’elles documentent la vie : les vides-greniers anglais dans les années 1990, les jeux partagés,
les personnes d’une maison de retraite confrontés à des portraits d’enfants du même village, ou encore le travail avec des musiciens ou une danseuse.
La photographie conserve en halos plus ou moins prononcés les traces des mouvements, des déplacements qui ont eu lieu le temps de la pose, installe le flou qui peut aller jusqu’à l’évanescence d’êtres en disparition. Certaines marques, lignes, bribes de lumière peuvent venir ponctuer la surface. La profondeur de champ quant à elle s’offre la netteté d’un contraste qui l’illimite. C’est ainsi que le temps, la durée rendus visibles, viennent habiter la photographie qui n’est d’ordinaire que l’épiphanie d’un très court instant.
La rusticité du sténopé, son côté rudimentaire échappant à la technologie contemporaine, au goût de l’abondance de détails, donnent la sensation d’une intemporalité qui échappe aux contingences matérielles de notre époque. C’est comme si l’image remontant du fond des âges, montrait dans ce qui est séculier la permanence de ce qui fait la vie des hommes, dans une présence à peine esquissée, comme une persistance tangible.
Ce que Mabel Odessey cultive dans les choix de ses sujets : musique, danse, sont ainsi pour elle des sujets de prédilection pour un accompagnement tout de mouvements, rythmes, énergie, rendus palpables. Dans les jeux elle opte pour ceux qui perdurent à travers les modes : marelle, saut à la corde, mikado, dominos, pétanque, jeu d’échec ou de dés qui rassemblent autant les enfants que les adultes de bien des époques pour s’attacher aux gestes ritualisés à la base des échanges humains.
Claire Paries
J'ai proposé aux classes qui souhaitaient prolonger la visite de l'exposition par une production plastique réalisée à l'école, de mettre sur ce blog, sous forme d'échange, quelques productions.
Voilà les réponses qui ont été faites. Merci aux enseignants et aux enfants.4 carnets de la classe des grands/moyens de l'école maternelle Jean de la Fontaine.